C’est toujours la même ritournelle : les oiseaux sauvages nous apportent la grippe aviaire et sont une menace pour les élevages de volailles. Ce message martelé par les médias infiltre efficacement notre conscience collective. Cette quasi propagande vise à nous faire oublier le désastre éthique, sanitaire et économique des élevages en batterie de l’agriculture industrielle.
Une étude scrupuleuse de la littérature scientifique dévoile pourtant une autre réalité (1) : même si des formes bénignes de la grippe aviaire sont depuis toujours présentes chez les oiseaux sauvages, les élevages en batterie sont bien les cocotte-minute évolutives qui ont engendré les variants hautement pathogènes. En particulier, des études détaillées ont permis d’identifier très précisément la source de la première forme hautement pathogène du virus de l’influenza aviaire (IAHP) qui circule aujourd’hui.
Ce variant est né en 1996 dans un élevage d’oies de la province du Guangdong dans le sud de la Chine. Le mutant s’est ensuite propagé aux oiseaux sauvages, et occasionnellement à l’homme. A l’époque, les pouvoirs publics avaient d’ores et déjà tenté d’incriminer les oiseaux sauvages, mais les recherches scientifiques ont bien identifié le commerce des volailles comme source du problème. Notamment, les élevages en batterie fournissent des conditions idéales, de confinement d’animaux à très haute densité Ceci est dû au fait que les fortes densités de populations, qu’elles soient aviaires ou humaines, augmentent la fréquence des événements de transmission, et la probabilité d’une mutation. De plus, la densité élevée d’hôtes à infecter favorise une transmission élevée, qui est, dans le cas de la grippe, liée à une pathogénicité accrue. Finalement, en dehors des élevages, les transports de volailles sur des longues distances propagent rapidement les virus dangereux. Ainsi, la grippe aviaire a initialement colonisé le territoire chinois en suivant les lignes de chemin de fer (2).
Depuis, le virus IAHP est apparu dans soixante et un pays et affecte les élevages de volailles du monde entier ; il est désormais impossible de s’en débarrasser. En 2021-2022, l’épidémie la plus grave jamais enregistrée dans les élevages de volailles, en particulier en Europe, a entraîné l’abattage d’environ 47,7 millions d’oiseaux captifs. Ces événements dramatiques remettent profondément en question l’élevage intensif d’oiseaux, à cause des souffrances animales intolérables qu’il entraîne, mais aussi car l’évolution rapide dans ces espaces confinés augmente la probabilité de mutations conduisant à l’émergence de l’IAHP en tant que prochaine pandémie humaine. Dans ce contexte, il n’est pas inutile de rappeler que le génome de la grippe espagnole, qui a tué plus de 50 millions d’humains en 1918-1919, était probablement d’origine aviaire.
Les épidémies récentes de IAHP chez des oiseaux de la haute mer, et ce jusqu’en Antarctique (3), montrent que les oiseaux sauvages sont les victimes collatérales des épidémies de grippe aviaire hautement pathogènes au sein des élevages en batterie. Certaines de ces populations, d’ores et déjà en danger d’extinction suite au réchauffement climatique et à la pêche industrielle, ont perdu plus de 90 % de leurs effectifs restants en quelques mois.
Pour Amandine Gamble, écologue des maladies infectieuses à l’Université Cornell aux USA «On entend souvent qu’il est pratiquement impossible de contrôler les maladies qui circulent dans la faune sauvage. Dans un cas comme celui de la grippe aviaire, pour lequel l’origine de la maladie est directement liée à nos habitudes de consommation, il est cependant possible d’agir avant que la maladie n’atteigne la faune sauvage, en favorisant des pratiques d’élevage qui ne facilitent pas l’émergence de nouveaux variants de virus hautement pathogènes».
(1) Voir notamment : Lycett, S. J., Duchatel, F., & Digard, P. (2019). A brief history of bird flu. Philosophical Transactions of the Royal Society B, 374 (1775), 20180257.
(2) Gauthier-Clerc, M., Lebarbenchon, C., & Thomas, F. (2007). Recent expansion of highly pathogenic avian influenza H5N1 : a critical review. Ibis, 149 (2), 202-214.
(3) Banyard, A. C., et al. (2024). Detection and spread of high pathogenicity avian influenza virus H5N1 in the Antarctic Region. Nature Communications, 15 (1), 7433.
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